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La gestion de déchets lutte contre les inondations au Sénégal

Par Aby Drame, Enda Energie et Nafissatou Balde, Vivre Avec l’Eau

Dans la banlieue de Dakar au Sénégal, la saison des pluies est souvent synonyme d’inquiétude pour les habitants.

En effet, dans ces quartiers informels, occupés en grande partie par des familles démunies, l’eau de pluie envahit habituellement les maisons et espaces publics, détruisant les biens et rendant difficiles le déplacement, l’accès aux infrastructures socio-sanitaires de base, ainsi que la réalisation d’activités telles que la gestion des déchets ou le maraîchage urbain.

« Même les personnes habitant en face du poste de santé étaient obligées de faire un long détour et de marcher pendant 30 minutes pour y accéder, » dit Mor Faye, chef infirmier à ce poste de santé de Yeumbeul Diamalaye.

La mauvaise gestion des déchets étant un problème persistant dans ces quartiers, l’eau se mélangeait aux ordures, ce qui provoquait des maladies cutanées, notamment chez les enfants.

Au vu de ces contraintes, auxquelles s’ajoutent les soucis de sécurité (agressions, noyades), une grande partie de la population se voyait ainsi contrainte de déménager dans des zones plus favorables, mais peu familières.

Pour pallier à ces problèmes, le projet Vivre avec l’eau a introduit la gestion de déchets par les éco-briques (bouteilles remplies de déchets servant à la construction d’édifices communautaires).

Ainsi, Fatou Diop Niang, grâce à la fabrication et la vente d’éco-briques au groupe Senghor – qui s’occupe d’aménagement urbain – a-t-elle pu évacuer les déchets de son quartier tout en augmentant ses maigres revenus.

« J’ai ainsi pu gagner de quoi prendre en charge les frais de scolarité de mes enfants, acheter du riz et renforcer ma petite activité de vente de légumes. »

Dans la commune de Yeumbeul Nord, la zone de Ben Baraque qui couvre neuf quartiers a par ailleurs bénéficié de la réalisation de trois axes (routes pavées) pour le drainage des eaux de pluie, facilitant ainsi le déplacement des populations.

La zone a également été aménagée de berges de lacs, d’éco-briques pour clôturer le mur de l’école, de trois sites maraîchers et de la pré-collecte de déchets.

« Nous sentons la brise, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il fait bon vivre ici actuellement. Désormais, il peut pleuvoir trois jours d’affilée sans que cela ne nous inquiète, » dit Mamadou Ndiaye, délégué de quartier de Ben Baraque 1.

Quant à Ibrahim Khoussa, il était prêt à vendre sa maison à un prix dérisoire, pour déménager dans des zones plus favorables.

« On était obligés de marcher dans l’eau, et nos enfants jouaient dans cet environnement, ils étaient exposés à toutes sortes de dangers et de maladies. »

« La seule solution pour nous était de déménager dans les logements sociaux de l’Etat, une option qui ne nous convenait guère car les logements proposés ne disposent que de deux chambres alors que nous sommes plus d’une dizaine dans la maison, » ajoute-t-il.

« Par ailleurs la plus forte somme que l’on nous proposait pour racheter notre maison ne nous permettrait pas d’acquérir une maison ailleurs. Nous étions donc face à grand dilemme. »

« Grâce au pavage de l’esplanade du poste de santé et les alentours et au drainage de toutes les eaux qui stagnaient devant chez moi, notre maison n’est plus sujette aux inondations. Elle a maintenant plus de valeur et je ne suis pas prêt à la vendre quel que soit le prix qu’on va me proposer. Nous allons nous épanouir dans notre milieu, » ajoute-t-il.

Le projet a fait du renforcement de capacité et a ainsi permis à plusieurs bénéficiaires d’augmenter leurs revenus tout en les formant à des pratiques permettant de lutter contre les causes des inondations et d’améliorer leur cadre de vie.

 

Consulter le blog consacré au projet vivre avec l’eau : http://www.braced.org/fr/news/i/Comment-la-gestion-de-d%C3%A9chets-aide-%C3%A0-lutter-contre-les-inondations-au-S%C3%A9n%C3%A9gal/

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