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Le sport : un secteur d’investissement porteur

Alors que la quasi-totalité des régions du monde sont en train de tirer profit de l’essor du marché du sport qui, faut-il le rappeler, a contribué à hauteur de 1200 milliards d’euros dans l’économie mondiale en 2017, soit 2% du PIB mondial, les pays Africains, à quelques exceptions près, demeurent à la traine. Pourtant, les sportifs Africains brillent de mille feux sur tous les théâtres de compétition du globe et ce n’est pas le moindre des paradoxes.

Face à ce constat, des sportifs, des économistes, des juristes, des hommes d’affaires et autres acteurs du monde sportif, se sont réunis ce samedi 15 décembre à la maison de la presse, à l’initiative du professeur Abdoulaye Sakho, membre du CRES et juriste spécialisé en Droit et Economie du Sport, pour un Master Class dont le thème a été : « Investir dans le sport ». Cette rencontre organisée sous l’égide de l’Institut Edge, institut supérieur de formation rattaché au Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES), a été présidé par le ministre des sports, monsieur Matar Ba, en présence de grandes personnalités du sport sénégalais.

Les discussions ont permis de voir que l’investissement est toujours une question de choix et que dans certains pays, le sport n’est pas une priorité. Il faut convenir que ce renoncement n’est pas le choix du gouvernement du Sénégal, a rappelé le ministre, qui a souligné l’engagement du Sénégal à bâtir des projets sportifs attractifs et porteurs de croissance. Bien entendu, des efforts restent à faire a-t-il concédé, eu égard au grand potentiel humain que recèle notre pays, mais également sa stabilité et son attractivité, qui en font une destination favorable à l’éclosion de talents sportifs.

A la suite du ministre des sports, des personnalités comme  l’ancien lutteur Mouhamed Ndaw Tyson, les anciens footballeurs internationaux et aujourd’hui entraineurs Amara Traoré et Alioune Cissé, les dirigeants sportifs de renom comme Djamil Faye, ou encore Amadou Gallo Fall, vice-président et directeur général de la NBA Afrique, ont tour à tour rappelé la nécessité d’injecter des ressources dans le sport sénégalais, afin de lui permettre de faire sa mue, pour devenir un pan important du secteur économique.

L’ancien lutteur Mouhamed Ndaw Tyson, un des premiers à avoir parlé de sport business dans les années 90, s’est réjoui qu’enfin les acteurs du sport se saisissent de cette question, tout en s’estimant incompris à l’époque : «  Nous sommes des hommes modernes et nous pratiquons un sport traditionnel, a indiqué Tyson. J’étais mal compris au moment où je plaidais pour le Sport-business dans les années 90. Ce qui se passe aujourd’hui me réconforte, puisque le sportif peut vivre de son métier. Les mécènes et les sponsors peuplent l’univers des sports au Sénégal. »

La tendance générale est néanmoins à l’optimisme, à l’image d’Amadou Gallo Fall, qui estime que : « l’Afrique va aller plus vite si on met en place des partenariats innovants ». Monsieur Djamil Faye a rappelé que le sport est un puissant moteur économique, créateur de richesses et d’emploi et un important levier de croissance. Ce n’est plus qu’un loisir, mais un outil de résultat qui attire davantage d’investisseurs. D’ailleurs, ces derniers considèrent selon lui l’Afrique comme un inépuisable réservoir d’opportunités d’affaires dans le sport. Il déplore néanmoins le manque de statistiques et de données fiables, qui n’éclaire pas l’environnement, et prône l’instauration d’un « système gagnant-gagnant » en mettant le focus sur ce qui intéresse les publics sportifs. Il regrette également les rapports distants, que  les journalistes sportifs entretiennent souvent  avec les acteurs des milieux d’affaires qui investissent dans le sport.

De son côté, Lamine Savané, dirigeant du centre Aspire,  a souligné que le spectacle est la clé du succès en sport et qu’il faut que dans nos pays nous arrivions à produire des spectacles sportifs de qualité, capables de mobiliser de larges publics. Il a également  déploré le gâchis de talents en Afrique faute d’encadrement efficient.

A sa suite,  monsieur Abdoulaye Guèye, expert-comptable du cabinet Garecgo, modérateur des débats du Master Class, a  rappelé que « les investisseurs sont en quête d’actifs créateurs de valeurs » et a plaidé pour la création d’académies de sport et de centres de formation, qui constituent de potentiels viviers, d’actifs productifs de plus-values.

Le ministre Matar Ba a souligné l’image négative que le sport a pu revêtir au Sénégal dans le passé ; image qui s’est fort heureusement inversée du fait de l’impact social des œuvres réalisées  par des champions comme Gorgui Sy Dieng,  la génération 2002, ainsi que des Sénégalais respectés à l’échelle mondiale comme Amadou Galo Ba. Il a rappelé son ambition d’accompagner le sport sénégalais à franchir un cap  et aider les sportifs à devenir de vrais acteurs économiques. M. Ba n’a pas manqué en clôturant son propos, de rappeler que le sport remplit une mission éminemment sociale et qu’il tire notre diplomatie par ses résultats, tout en se réjouissant du crédit acquis par nos disciplines et de l’attribution au Sénégal des Jeux Olympiques de la Jeunesse prévue en 2022.

La mondialisation du sport a relégué l’Afrique à l’arrière-plan,  alors que le sport tire une grande partie de ses ressources humaines de notre continent. Ce Master Class a à coup sûr, permis de trouver des pistes intéressantes pour mettre en place une véritable économie du sport au Sénégal et en Afrique. Ceci passera inévitablement par la professionnalisation du sport et la création de nouveaux métiers pour  accompagner ce mouvement. C’est tout le sens du Master Droit et Economie du Sport mis en place par le professeur Abdoulaye Sakho et l’institut Edge.

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