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Histoire de résilience : Quand les populations de Diamalaye – Yeumbeul nord retrouvent le sourire !

Plus d’une décennie que la saison des pluies était pour elles, une hantise. Les populations de Diamalaye, dans la commune de Yeumbeul Nord redoutaient plus que tout cette période de l’année, qui voyait leur quartier submergé par les eaux de pluie, et leur poste de santé, l’unique établissement de santé à des kilomètres à la ronde, presque inaccessible.

A peine les travaux du projet « Vivre avec l’eau » achevés, le soulagement et l’enthousiasme se lisent désormais sur tous les visages. 1400 m² ont été nivelés et pavés autour du poste de santé, permettant aux populations un accès facile à ce service public, en particulier en cette période d’hivernage où les maladies infantiles se multiplient.  Tidiane Diop, coordonnateur du Comité de gestion de zone, qui a suivi de près tous les travaux de pavage et de drainage des eaux est au centre de toutes les attentions. Il explique aux passants, riverains l’importance des travaux réalisés par le projet, pour faciliter l’accès en toutes saisons, du seul poste de santé de la zone, qui polarise quatorze quartiers. « Pendant l’hivernage, le poste de santé était inaccessible, les sept ruelles qui y convergent déversant dans la cuvette qui la borde, toutes les eaux du quartier. La borne-fontaine installée près du mur de la structure sanitaire où plusieurs ménages viennent se ravitailler en eau reste tout aussi inaccessible pendant des jours, privant des familles entières d’eau potable », explique Tidiane Diop.


Le poste de santé de Diamalaye Yeumbeul Nord avant et après les travaux du projet Vivre avec l’eau

« On jouait à l’équilibriste pour accéder au Poste de santé »

« La seule possibilité qui s’offrait à nous était de jouer à l’équilibriste en marchant sur des sacs de sables ou des briques alignés le long du mur, pour accéder au niveau du Poste de santé », explique-t-il. « Il m’est arrivé de porter mon enfant malade jusqu’aux abords du poste de santé mais je ne pouvais pas y accéder à cause de l’eau qui m’arrivait à la taille, j’étais obligée de faire demi-tour et d’aller vers d’autres structures sanitaires éloignées », renchérit Adama Fall, relais communautaire habitant le quartier de Diamalaye. Cette eau stagnante et l’humidité qu’elle entraîne, ne manque pas d’avoir des répercussions sur la santé des populations. Selon Mme  Seynabou Diop, Infirmière d’Etat au poste de santé de Diamalaye Yeumbeul nord, les maladies les plus diagnostiquées  en saison des pluies sont le paludisme, la diarrhée, les dermatoses et l’insuffisance respiratoire aigüe. « Ce sont toutes des maladies liées à l’eau et à l’hygiène donc on ne peut que les associer aux problèmes d’évacuation des eaux de pluie », précise-t-elle. « On note aussi un nombre important de parasitoses, car presque toutes les aires de jeu du quartier sont inondées et les enfants sont obligés de patauger dans les eaux », ajoute-t-elle.

Pour s’en sortir, les populations avaient recours au système de pompage. « On attendait l’appui de bonnes volontés ou de la mairie pour acheter du carburant afin d’évacuer l’eau avec des motopompes. Toutefois c’était un éternel recommencement, car la situation empirait dès la pluie suivante », regrette Tidiane Diop, Coordonnateur du Comité de gestion de zone.

Nos interlocuteurs s’accordent à dire qu’il y a eu une amélioration inestimable de leur cadre de vie, avec l’intervention du projet « Vivre avec l’eau » qui a aménagé un bassin aménagé à la lisière du quartier, dans lequel les eaux de pluie sont recueillies. Cet impact positif est ressenti à travers les différentes activités du projet. « Le premier succès de l’intervention du projet Vivre avec l’eau, c’est d’abord de nous avoir poussé à travailler ensemble à travers les Comités de gestion de zone. Ensuite, toute la communauté est impliquée à toutes les étapes ; des délégués de quartier aux jeunes, en passant par les relais communautaires, nous savons tous ce que le projet a fait pour notre communauté. Ce projet nous a appris à prendre notre destin en main, en nous responsabilisant et en tenant compte de nos préoccupations et de nos suggestions dans la mise en œuvre. Nous sommes très reconnaissants au projet », témoigne le délégué de quartier, M. Adama Thioub.

« Je ne vends plus ma maison ! »

Août 2018 est arrivé, marquant l’arrivée des premières pluies. Les populations sont heureuses de constater que les ouvrages du projet, un an après leur installation, sont toujours fonctionnels. Le poste de santé est accessible et les travaux de pavage ont donné de la valeur ajoutée au quartier et aux maisons environnantes. Les habitants sont devenus plus résilients et ne sont plus tentés de déménager vers d’autres cieux. Ils sont maintenant convaincus que les eaux de pluie sont un bienfait et un atout car, les aménagements ont permis aux femmes, de créer des activités génératrices de revenus, comme le maraichage urbain. « Je m’apprêtais à vendre à perte ma maison à deux millions de francs CFA pour aller ailleurs, ou rejoindre le site de recasement de Diakhaye. J’y ai renoncé avec les travaux de pavage et de drainage des eaux, réalisés par le projet Vivre avec l’eau. Aujourd’hui, même si on me payait dix millions de francs CFA, je ne céderais pas ma maison car, les travaux du projet l’ont beaucoup revalorisée avec des pavés jusqu’à ma porte», déclare Ibrahima Khoussa, un père de famille qui s’est d’ailleurs préposé au gardiennage du site.

Ibrahima Khoussa devant sa maison bordée de pavés grâce au projet « Vivre avec l’eau »

« Toutes les sources de nuisance dans le quartier sont devenues pour nous des opportunités. Le projet nous a appris à valoriser les déchets qui sont désormais transformés soit en écobriques pour construire des aménagements urbains, ou faire du compost pour le  maraîchage. C’est d’ailleurs des bouteilles remplies de déchets que le projet a utilisé pour aménager des bancs publics tout autour du poste de santé », souligne Tidiane Diop.

      Construction d’un mur d’école primaire en écobriques

 L’approche genre est aussi ancrée dans la vision des populations. «La collaboration avec toutes les couches sociales est plus facile, car depuis que nous avons bénéficié d’une formation en genre, nous raisonnons maintenant selon une approche par compétence et non par sexe », affirme Tidiane Diop. Ainsi, c’est tout le cadre de vie du quartier qui est amélioré par cette intervention, car selon nos différents interlocuteurs, l’espace aménagé par le projet est devenu le lieu de rencontres de toutes les couches sociales, pour discuter et échanger autour de sujets sociaux qui concernent toute la communauté.

Un groupement de femmes s’adonne au maraichage urbain

 

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