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Histoire de résilience avec….Fatou Niang ! Avec les écobriques, elle construit l’avenir de ses enfants.

Par Aliou BA, projet « Vivre avec l’eau », CRES


Ses gestes avaient d’abord intrigué ses voisins. Revenue juste d’une journée de sensibilisation sur les écobriques, Fatou Niang s’est mise à la tâche. Dans sa maison familiale, au marché ou dans les ruelles étroites du quartier Cheikh Oumar Bâ, de la commune de Médina Gounass, Fatou Niang ne pouvait plus passer devant un sachet, un morceau de tissu ou une tasse à jeter sans les ramasser et l’enfouir dans une bouteille en plastique, qu’elle avait bien entendu toujours à portée de main.  « Lorsque le projet Vivre avec l’eau est venu à la rencontre des populations pour parler de sa volonté de lutter contre les inondations à travers plusieurs composantes dont la gestion des déchets, j’ai automatiquement été séduite. On nous a ensuite expliqué le système de stockage des déchets solides dans des bouteilles pour en faire un matériau de construction. J’avais quelques bouteilles vides à la maison que je me suis mise à remplir avec tous les papiers, sachets et tous autres objets solides qui trainaient dans notre maison » explique-telle. Le voisinage, qui ne comprenait d’abord rien de ce manège, s’est mis à se moquer de Fatou Niang, de l’aveu même de son mari Gorgui Diop. Mais tout a changé lorsqu’elle a écoulé auprès des responsables de la composante gestion des déchets ses premières écobriques, que le projet utilise pour fabriquer des meubles urbains et lutter contre la prolifération des déchets solides qui obstruent les caniveaux et qui favorisent les inondations. « Mon entourage a su que c’est du sérieux quand j’ai effectué ma première vente d’écobriques qui m’a rapporté 12 500 F CFA (environ 25$) en trois jours de travail. J’ai utilisé cette somme pour aménager un étal devant notre maison sur lequel je vends des légumes, ce qui soulage certaines femmes du quartier qui ne sont plus obligées d’aller jusqu’au marché pour compléter certains ingrédients qui entrent dans la composition du diner ou du déjeuner ».

 

Parallèlement, elle a continué à fabriquer ses écobriques qu’elle a pu encore écouler auprès du projet récoltant cette fois-ci, la somme de 67 950 F CFA (environ 136$). Un véritable coup de pouce pour cette jeune dame de 36 ans aux revenus modestes, mère de cinq enfants. « Cette activité de fabrication d’écobriques m’a été d’un grand apport. L’argent que j’ai gagné lors de la deuxième vente m’a permis de préparer l’ouverture des classes de mes trois enfants en âge d’aller à l’école. J’ai pu leur acheter toutes les fournitures nécessaires comme les cahiers, stylos, craies, ardoises, quelques habits et des chaussures ». Sa plus grande fierté, c’était de voir ses enfants heureux le jour de la rentrée des classes. Ce qui, selon elle, n’était pas évident sans cette belle opportunité qui s’est présentée avec le projet Vivre avec l’eau. Fatou Niang est tout aussi fière de constater l’amélioration notable de son cadre de vie. Dans son quartier niché dans la commune de Médina Gounass, aucune ordure ne traîne ni dans la cour des maisons encore moins dans les étroites ruelles. Cette propreté visible partout, est constatée par le délégué de quartier, Cheikh Oumar Bâ, qui informe que les jours d’achat des écobriques, c’est maintenant sur des charrettes que les habitants de son quartier viennent livrer leurs produits. « C’est presque tous les habitants du quartier qui ont compris l’enjeu des écobriques, une activité qui a non seulement beaucoup contribué à la salubrité du quartier, mais qui engendre surtout des revenus pour les plus démunis », confie-t-il avant de révéler que le quartier dispose dans son dépôt un stock estimé à plus de 350 000 F CFA (environ 700$), qui attend d’être écoulé. Son seul souhait est de voir la mairie de sa commune s’approprier cette innovation et construire tous les édifices publics du quartier (écoles, mur du cimetière, structures de santé…) avec cette technologie à moindre coût et très bénéfique pour l’amélioration du cadre de vie de ce populeux quartier.

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